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23-02-2011

Il se dit prêt à aller jusqu’au bout de sa logique meurtrière

Liberté - Le Guide libyen est enfin sorti de son silence hier après-midi. Fidèle à lui-même, il a servi un discours dédié à sa propre gloire. Un discours qui remet le peuple à sa place et dans lequel, après avoir fait le bilan dithyrambique de son action à la tête du pays, menace les insurgés de voir se dresser devant eux d’autres Libyens.
Ces révoltés qui s’en prennent à son autorité, il les a qualifiés de “traîtres” qui “méritent la condamnation à mort”. Ayant fait référence, plusieurs fois, à la dernière intervention de son fils Seïf El-Islam, il a confirmé et appuyé point par point les menaces de ce dernier. Il a notamment fait référence au massacre des étudiants chinois à la fin des années 1980, répression sanglante qu’il a saluée et justifiée.
Il s’est également adressé à ses supporters afin de s’organiser en milices de quartier et de faire barrage aux “vendus”. Discours guerrier et menaçant donc, mais aussi discours dangereux qui dresse les Libyens les uns contre les autres et qui jette les jalons d’une guerre civile. Kadhafi est plus que jamais décidé à pratiquer la politique de la terre brûlée. Un calme précaire régnait pourtant hier matin sur Tripoli.
Un calme baigné par la pluie peu propice aux émeutes et rythmé par les rafales d’armes automatiques tirées sur les façades des habitations, en guise d’accompagnement des appels par haut-parleurs diffusés par les milices kadhafistes, demandant aux habitants de se cloîtrer chez eux. Les violences n’ont pas pour autant cessé en Libye. Nulle source ne peut encore donner l’étendue des dégâts.
La seule évidence est que le régime de Mouammar Al Kadhafi, qui a fait de la Libye sa chose depuis 42 ans, est plus que jamais fragilisé. Toutes les sources convergent pour parler de centaines de morts et de milliers de blessés. Des sources annoncent même 2 000 morts dans la seule ville de Benghazi, bien loin des 300 ou 400 dont ont fait état des organisations humanitaires.
Une dizaine de villes, dont la deuxième après Tripoli, sont aux mains des insurgés. Pour toute réponse, à la demande clairement affichée des Libyens de se départir du régime sclérosant du colonel fantasque, c’est le fils de celui-ci qui s’était adressé aux Libyens pour leur promettre un bain de sang s’ils continuaient de se révolter.
Le Guide libyen, lui, s’est contenté d’une furtive apparition à la télévision d’État, dans la nuit de lundi à mardi, au cours de laquelle il a tenu à démentir les rumeurs relatives à sa fuite à l’étranger, tout en traitant de “chiens” les organes de presse, les télévisions satellitaires en premier, qui ont colporté la fausse nouvelle.
Les communications avec Tripoli ayant été coupées, il est très difficile de savoir avec certitude ce qui s’y est passé mardi. Des indications permettent néanmoins d’envisager le pire. Surtout après le discours particulièrement violent du dictateur libyen. Des ressortissants arabes ayant fui le pays ont parlé d’un véritable bain de sang.
Ils ont parlé de cadavres dans les rues et des magasins, voitures et immeubles en flammes. Ils ont aussi fait état d’étrangers armés, des Africains recrutés par le régime, et de leurs exactions. Tripoli serait donc à feu et à sang. À Benghazi, par contre, les combats ont cessé. Preuve, s’il en fallait une, que les insurgés se sont rendus maîtres de la ville. Mais les habitants craignent, plus que jamais, le bombardement de leur ville. L’inquiétude est fondée.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères l’a indirectement confirmée. Il a déclaré que les pistes d’atterrissage de l’aéroport de Benghazi ont été bombardées, ce qui rend impossible l’évacuation des ressortissants égyptiens à partir de cet aéroport.
Devant l’impossibilité d’avoir des informations précises, il n’est pas inutile d’écouter l’un des proches de Kadhafi, un ancien responsable du protocole, qui affirme qu’“il se passe un génocide de masse” en Libye mais que Kadhafi est bien “fini”.


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